Postface

Ernesto Timor existe : je l'ai (probablement) rencontré.

Probablement, parce que cette ville dont il a su photographier le visage baroque, kitsch ou sombre est la mienne : celle des terrains vagues, des industries en ruine, des mille vestiges catholiques et des ruelles froides. Une ville à la dérive telle que la voient chaque nuit les junkies, les exclus, les illuminés. Une ville de solitude et d'aliénation où les seules formes humaines discernables sont celles renvoyées par les affiches publicitaires. Une ville de pluie, de neige et de glace... belle dans le fond !*

Même si son séjour à Montréal fut bref, j'aime à croire que nous nous sommes croisés sans le savoir dans le métro, devant les friperies du boulevard Mont-Royal ou près des terrains vagues du port. Que j'ai écrit De retour après la pause au moment où il errait près du canal Lachine. Que j'ai fait ma Simple constatation alors qu'il arpentait les trottoirs du bas de la ville. Pourquoi pas ? Nos deux visions sont si apparentées que l'attraction universelle aurait dû physiquement nous réunir.**

Anne Archet

 

* Interpelée par Berluette sur ce point, AA précise : Je ne suis pas anti-Montréal. Je dirais peut-être même le contraire. Je l'aime comme une femme aime son amante : totalement, qualités et défauts confondus.

** Mais si ces deux dérives montréalaises ont pu effectivement se rencontrer, c'est grâce aux bons soins d'Ernesto, qui a patiemment défroissé mes papiers pour les surimprimer à ses photographies. Ces fragments épars ont ainsi atteint une dimension et une unité imprévues.

 

© ErnestoTimor

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