Les yeux fermés sur les lumières de l'extérieur. Inversés, les visages circulent à la surface de la rétine. Venin-couleur, œil de lézard, je l'entends depuis les nuits-éclair ; il a toujours été près de moi, siffleur de révolte floue.

Devant moi, plusieurs portes. Pieds nus la neige qui fait givrer les anneaux de feu, Homme-serpent peau humide, noircies les longues veilles tremblantes. Quinze années dans le placard : comptons ce que j'aurais voulu oublier. Allons. Peurs sous le lit ? Raclements dans l'arrière des cours ? Monsieur serpent dans les buissons-reptile-iguane-langue-mucus-baromètre de folie calculée ?

Un gun en papier pour sauver sa vie. Sauver ma vie ! J'ouvre enfin les boîtes scellées. Cortex abandon au serpent pétrifié, à la séduction froide comme la mort, comme la folie, comme le sexe au bout des espérances, au bout de la logique. Serpent immémorial, homme qui veille et ombre qui m'éclaire depuis toujours.

Fascination à sang froid des entrailles de la terre. Babel mystique, Maison-Dieu dans les escaliers en marbre d'écailles qui mènent aux fumées antiques. Je cours je cours je cours je cours vous ne m'attraperez pas vous ne m'arrêterez pas vous n'aurez aucun souvenir, aucune trace, sauf une odeur animale imprécise.

Et glacée.

© ErnestoTimor

Monsieur serpent
Écrit au verso d'un menu de cafétéria.

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