Au bout d'un moment le silence. Lourd silence après l'orage. Plus un souffle. La mort. Les Mains immenses qui essaient de retenir entre leurs Doigts désespérés la matière coulante et les milliers de centres jaillissant comme des bulles de la boue qui s'apaise. Les tourbillons se calment, les Doigts empêchent les méandres de s'éloigner trop loin. Retour au centre. Le souffle se construit sur des bases solides, sur les strates de boues déposées par le temps. Les strates se contractent lentement. Les bulles-centres, à la surface, se sont agglutinées en une bulle unique, une perle d'espace qui se rétracte au creux des Mains immenses. Peu à peu la couche dure de boue séchée l'enveloppe, pour la protéger pendant l'éternité qui va suivre. Les Mains immenses se sont écartées l'Une de l'Autre, et la perle flotte au milieu du non-vent.



[Au commencement le monde • texte de Nathalie Lerendu-Brand • dessins de Miettte • page 8/8 • les auteurs]