Ils cessèrent de marcher debout, obligés de tâtonner le sol de leurs doigts avant de s'aventurer à bouger. Ils s'inclinèrent vers le sol, les genoux à terre, les yeux fermés, brûlés par les nuages de poussière. L'air devenait plus âpre à respirer, la terre plus sèche. La poussière était en train de gagner. Ils se mirent à gémir et leurs cris se heurtèrent les uns contre les autres, parvenant à peine à se faufiler au milieu des grains de poussière. Les gémissements s'amplifièrent, grand malstrom de mots douloureux, étouffant leurs sens, un à un, inécoutés, maudits, insensés, faisant craquer leurs os sous leur poids terrible, broyant leur chair fragile, mélangeant leur sang à la terre sur laquelle ils rampaient.



[Au commencement le monde • texte de Nathalie Lerendu-Brand • dessins de Miettte • page 6/8 • suite ]