Alors ils commencèrent à les décortiquer pour en observer des morceaux de plus en plus petits, de plus en plus faciles à comprendre, de plus en plus rapides ; de plus en plus fuyants. Les enfants s'écorchèrent les mains en essayant de déceler la forme cachée des choses. Ils essayaient d'en casser la carapace, la couche de boue séchée qui entourait chaque amas de choses pas encore nées. Et à leurs pieds tombaient les éclats de peau, de terre, de verre, de titane, de matière à l'évolution effrayante, de papillons fous aux ailes étouffantes, de fleurs immortelles et de graines mortes, d'enfants-vieux, de livres indéchiffrables, de feuilles de papier couvertes de signes énigmatiques que seul un petit nombre d'entre eux comprenaient. Et la poussière les aveuglait, tourbillonnant aux alentours.



[Au commencement le monde • texte de Nathalie Lerendu-Brand • dessins de Miettte • page 5/8 • suite ]